dimanche 25 décembre 2016

Le Sud Lipez...

....par Gaëlle  (  Moi je glande :)

20 Décembre 

Certes nous avons pédalés sur des terrains difficiles jusqu'à maintenant, mais autour de 3600m d'altitude nous évoluions en "plaine".
Devant nous ce premier col qui nous fera basculer vers cette piste des lagunes. D'un salar nous voilà devant notre première montée. Avec 11l d'eau et de la nourriture pour 4 jours le poids du vélo est bien là.
Nous bivouaquerons dans la montée à 3km du sommet.
Encore quelques kilomètres et nous voilà face au désert du Lipez, l'un des plus haut désert du monde.
Sylvain (Tesson oui toujours) j'envie tes talents de poetes et d'écrivains. Tu saurais traduire au travers de tes aphorismes ou autres métaphores dans quel monde nous venions de basculer. Un autre monde. Un bout du monde. Le plus hostile, le plus fascinant, le plus attirant des bouts du monde. Rien d'autre qu'un sentiment d'infini et d'immensités.
Malgré les conditions difficiles qui y règnent, les lagunes font penser à des paradis terrestres. Seuls des volcans millénaires viennent troubler le repos de ce monde minéral. Se mélangent déserts de sel, montagnes ocres et noires touchées par la lumière du soleil, qui parvient jusqu’à ces hauts plateaux, intacte et brûlante. Des espaces vierges parsemés de lagunes aux couleurs dingues : bleu profond, turquoise, émeraude, rouge ou même jaune, chacune a la sienne et qui change en cours de journée. Sur chacune d'elle des flamands roses trainent les pattes dans des eaux glacées.
Des troupeaux de vigognes ont également choisi ce lieu pour y vivre.
Plutot que vous raconter chaque jour voici quelques impressions, moments marquants:
- Aujourd'hui nous sommes à la laguna Colorada. Une longue journée nous attend, nous devons monter 600m de dénivelé pour nous approcher des 5000m d'altitude. Commence une longue ascension. Le terrain est d'abord plutot roulant, bonne accroche et les cuisses commencent à suivre :-) trés vite la piste devient plus raide, sinueuse et pierreuse. A chaque fois que nous pensons arriver le col semble s'éloigner. Dur. Vers 13h, Julien m'annonce que nous venons de passer les 4810m. Nous pédalons au dessus du Toit de l'Europe ! Quelle sensation... il nous faudra encore grimper de 100m pour atteindre le point culminant de notre traversée. Il est 15h, le vent souffle fort et de face. Je dois descendre du vélo car la pente est raide et sableuse. Pour les derniers metres je remonte sur le vélo. Nous pédalons à 4930m !
- Sur le salar d'Uyuni nous avions repéré un camion qui avait passé la nuit devant l'ile. Nous l'avons recroisé dans la montée hier. Ce matin il est arrêté devant un beau point de vue. Nous grignotons quelques biscuits quand nous le voyons devaler la pente, descendre le conducteur qui court vers nous et nous dit "do you want to share a cup of tea or coffee ?". Quel bonheur !! Un couple de retraités allemands. Ils ont rénovés pendant 8 ans cet ancien camion de l'armée, ont tout vendu et parcourent depuis presque 2 ans les routes du monde. Ils s'enthousiasment devant notre volonté et se re'jouissent de voir malgré les difficultés ce sourire qui ne quitte pas mon visage. Un café au lait, un petit gâteau et leur gentillesse, il n'en faudra pas plus pour nous donner le sourire. Ces moments qui semblent anodins sont irremplaçables.
- ces larmes qui montent lorsque nous avons mis plusieurs heures à passer un col ou un passsage difficile et que nous découvrons ces nouveaux espaces aux horizons infinis, comme s'ils nous attendaient, telle une récompense.
Nous sommes aussi pleinement conscients que la liberté dont nous pouvons profiter, nous l'avons conquise, à force de volonté et de courage. Profiter de ces paysages prend toute sa dimension dans l'effort. Cette valeur est nouvelle pour moi.
- Cet après midi le vent souffle tellement fort qu'il nous faut raccourcir notre étape et trouver un abri rapidement. Nous appercevons un refuge plus loin. Il me faudra plus de 30mn pour parcourir 500m. Le vent s'est transformé en mur. Dans le refuge des français en circuit dans le Lipez. Ils nous invitent à nous joindre à eux autour de café et gateaux. Le soir ils nous glisseront discrètement un peu de soupe et des frites. Nous qui nous nourrissons de crackers ou de pates au thon depuis 1 semaine... nous passerons la soirée ensemble.
- Ces 4x4 que l'on croise en train de rouler et qui fenêtre baissée nous crient des bravos, des amazings ou meme nous prennent en photo. Quel encouragement :)
- Cette liberté gagnée de pouvoir regarder ces 15 4x4 (qui arrivent à la même heure prendre le petit déjeuner, regarder un lever de soleil ou se baigner dans ces eaux thermales) repartir une heure après et profiter du lieu seuls.
Nous nous trouvons à la Laguna Verde, au pied du volcan Llicancabur. Ici lorsque le vent se lève la lagune passe instantanément du bleu au vert émeraude. On voudrait rester pour toujours dans cet écrin. Pourtant, apres encore quelques kilomètres de montée (et un vent de face - le maitre du Lipez a sa façon de nous dire adieu) ce petit cabanon où est écrit "migration bolivia" nous ramène à la réalité. Ce lieu n’est autre que la limite sud de la Bolivie, atteinte après 8 jours de piste.
Le volcan Licacanbur du haut de ses presque 6000m d'altitude surplombe le désert d'Atacama plusieurs milliers de metres en contrebas.
40km de descente qui nous ferons passer de 4600 à 2400m d'altitude. Chaque kilomètre nous éloigne de notre parenthèse du bout du monde. Il nous en faudra bien 40 pour doucement digérer et réaliser que nous "retournons sur terre".
Je dédie cette traversée du Lipez à mon "petit" super héros et à mon grand garçon. Ils m'ont accompagnés de façon particulière pendant ces 8 jours.
Arrivée à San pedro de Atacama. Trés touristique mais à la douce atmosphère. On plante la tente et nous retrouvons dans un mini centre hippie :-)
La fin du voyage approche, j'essaye de rester enthousiaste pour tout. Profiter du soleil et de la chaleur du désert, de cette douceur de vivre ambiante dans les rues pleines de charmes de San Pedro, de ces sons hispanophones qui raisonnent partout, des odeurs des empañadas qui envahissent les rues, des constellations dingues qui apparaissent la nuit tombée.
Non ce n'est pas encore l'heure d'un bilan. Lorsque celle-ci arrivera je réaliserai que cette aventure n'est en rien une fin mais plutôt un début.
Joyeux Noël à tous !

5 commentaires:

  1. Joyeux Noël à vous et BRAVO !!
    Gaëlle, tu dois être rentrée, ravie de retrouver les tiens et aussi d'avoir accompli ton défi.
    Bon vent à toi Julien.
    Et qui sait... peut-être que nos chemins se croiseront en Vendée cette fois.
    Jackie et Françoise de Challans

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    1. quel plaisir de croiser votre route ! merci encore pour votre accueil, après avoir résisté comme on le pouvait au vent violent qui venait de se lever, c'était vraiment agréable de passer ce moment avec vous. Oui rentrée et ravie d'avoir accompli mon défi. Maintenant il faut faire le tri dans les photos mais aussi et surtout dans toutes les émotions avec lesquelles on rentre ! la transition n'est vraiment pas évidente..
      Ce soir mon fils ainé m'a demandé si on pouvait aller à St Jean de Monts cet été :) si cela se confirme je ne manquerai pas de vous faire signe (j'espère que Julien a gardé toutes vos coordonnées). J'espère que la fin de votre voyage se passe bien. Bonne soirée et à bientôt j'espère ! Gaëlle

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  2. Punaise, il ne semble pas se laisser dompter facilement ce Lipez ! Bravo à vous deux, quel courage, j'adorerais tellement ces moments. Mention spéciale à ces encouragements de la part de ceux qui passent dans le confort de leur voiture ;-)

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    1. Parfois je me disais "Lui s'il tend le bras un peu trop je lui chope, le bascule hors du 4X4 et je prends discrètement sa place" :-P
      Non je plaisante, c'était dur mais profiter du paysage en étant "dedans" et pas "derrière", grâce à nos efforts, çà n'a pas de prix :)

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